L'espace des villes
(Gérard Rodriguez)
Arrivée à Bône
S'il est vrai que toute l'Algérie est mon pays et que Alger est une part de mon corps, je suis surtout là en cette première fois pour revoir ma belle ville de Bône, Bône la coquette, Bône dont le cimetière donne envie de mourir, Bône dont 47 années d'exil n'ont pas entamé un seul morceau de mon amour pour toi, alors en ce samedi matin 14 mars 2009, j'ai de la difficulté à cacher à mes gentils amis algériens qui m'héberge, Oui à leur cacher combien je suis pressé de partir pour l'aéroport. Je ne voudrais pas qu'ils pensent que je ne suis pas bien chez eux, mais voilà Bône la coquette m'attend. Avec bingueche, jamy, le cour Bertagna, le kiosque à musique, les diocane à la madone, la plage de St Cloud, etc etc... et puis. Et puis, merde on y va à cet aéroport. Et voilà oui que l'on me pardonne de quitter Alger aussi vite, mais mon enfance m'attend à 600 Km et je ne peux attendre de revoir ma bien aimée, et dans cet avion de air Algérie qui décolle pour Bône, je me sens pousser des ailes, je suis presque à souffler sur les réacteurs pour aller plus vite, déjà la baie d'Alger s'éloigne.
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Des terres encore des terres, et je sens que l'avion descends, alors je regarde par le hublot, et je vois se dessiner, ma ville, je vois enfin ma bien aimée, oui en un regard je t'ai reconnue, du haut des airs tu as pas changé, en bas, ce sera autre chose je le sais bien, et voilà, on se pose, ça va vite oui je reconnais bien cet aéroport, il a pas changé depuis 1962 le jour où... mais bon je suis là, et c'est cela qui compte. Je te reconnais terre à moi terre qui si souvent m'a vu partir dans un bréguet deux ponts en colonie de vacances pour cette France qui allait un jour ne plus me laisser revenir chez moi. Je récupère mes bagages et je vois mon guide. Pour cette première fois et ayant pas trop de temps juste pour me conduire en voiture là où je le veux j'ai pris un chauffeur, algérien bien sur, car ici aussi comme à Alger bonjour la circulation, on l'appellera Mr k il a été formidable de gentillesse, me menant partout où je le voulais, m'attendant, revenant quand je le voulais, oui merci Mr k, tu m'as donné de l'attention, tu as fais en sorte que mon séjour chez moi se passe bien, à la fin de ces 4 jours nous étions devenus des amis, et je lui ai promis de rester en contact. Nous nous rendons à l'hôtel, j'avais choisis le Majestic non loin du cour Bertagna, pour le lendemain changer pour le El Mouna à St Cloud moins cher et puis il y a la mer tout près tout près. La mer, ah la mer, St Cloud. Le Majestic très bien, mais trop cher 9000 dinars juste pour dormir, non.
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Visite au cimetière de Bône
Je prends une douche, et décide de partir au cimetière car ma première visite est pour mes morts, ceux qui dorment dans cette belle terre d'Algérie, au cimetière je fais la connaissance des deux algériens qui gardent le coin, Mr et Md B, très gentil les gardiens. Je dois retrouver la tombe de mes frères et y opérer un rituel, nous nous mettons à trois dans les registres ceux-ci ont miraculeusement à l'indépendance été récupéré dans une poubelle où ils y avaient été jetés, une chance seulement voilà d'imbéciles pieds noirs se croient intelligents en le feuilletant, de déchirer les pages pour les garder en souvenir, ne savez vous pas ignares qu'en agissant de la sorte vous barrez le chemin à un de vos compatriotes qui voudra les feuilleter. Mais des cons sur la planète y en a partout, bien que je sache où se trouvait la tombe de mes frères je voulais une photo du registre, quel émotion de retrouver cette date 1947 où mes deux frères ont été enterrés, je caresse cette écriture de mes mains je regarde le ciel et je pleure oui sous ma main court mon histoire, cette écriture à été écrite alors que c'était encore le temps des jours heureux, et je prends la grande allée, celle qui conduit vers le reposoir, les cyprès ces grands arbres sont toujours là bien sur ils ont encore grandit eux aussi je les regarde onduler au grès du vent ils sont remplis de ce qu'on appelle des têtes de mort.
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Mort parmi les morts tiens je me dis, je m'arrête en plein milieu, je ferme les yeux, afin de mieux sentir ce moment, et je me revois ma mère avec moi et mon jeune frère, elle a dans sa main un sceau qu'elle vient de remplir d'eau, avec une éponge et de la lessive et moi je marche en lui tenant sa robe elle est belle comme un coeur ma maman, en ce moment là, et je l'entends nous dire "commencez pas à courir dans les allées, que vous allez vous perdre, vous jouerez quand on sera là haut". Là haut c'est sur la gauche du reposoir, là où on enterrait les pauvres, elle a l'air insouciante ma maman ma mère courage non elle ne se doute pas de la suite, et puis j'entends une voie, celle de mon ami qui ne comprends pas pourquoi je suis là, figé, sans bouger, et il me sort de mon rêve. Je parcours les allées je le sais mes frères sont à gauche du reposoir en haut de l'allée l'avant dernière tombe je l'ai trouvé la tombe il fait chaud je suis fatigué. La pression est énorme, et la gorge se noue, tant de temps ce sont écoulé, et je suis là je cours dans l'allée, elle est encombrée de feuilles et de ronces qui ont poussé car si en France on construit des mosquée en Algérie les cimetières dit chrétiens n'ont pas la même considération, pourtant il reste des âmes charitables et cela parmi les algériens qui font, avec peu de moyen, un bon travail d'entretien mais voila ça prends du flouss. Et je retrouve mes frères. La tombe est sale, le marbre blanc a disparu, brisé par le temps, je me couche sur la tombe et je la caresse, et je pleure, je n'ai pas assez de mains pour aller dans tous ces recoins, je demande que l'on me laisse seul, mes amis s'éloignent, et je parle, je parle tout seul, à mes frères, 47 ans, je vous parle sans vous voir, je me rappelle que quand j'étais petit on allait avec ma maman pour entretenir la tombe, et que avec mon frère on jouait autour en attendant que ma mère lave le marbre blanc. On y déposait des fleurs, alors j'en fais autant je dépose un bouquet de fleurs, elle était belle cette tombe, vous voilà là mes frères, non jamais on ne vous a oublié et votre maman parlait souvent de vous, et puis maintenant je le sais elle est là avec vous, plus jamais vous n'aurez froid, et je pleure et je pleure, je leur parle comme s'ils étaient là, vivant, je leur raconte ma vie, je leur raconte 47 années, le coeur va me sauter, et puis voilà je creuse au pied du caveau et y enterre un peu de terre du cimetière de merde de Normandie où mes parents sont, et j'y ajoute une photo de papa et maman. Je ramasse de la terre d'Algérie juste sous le caveau, dans un pot et des morceaux de marbre brisé, ce sera pour décembre où j'irai en France en Normandie où il pleut toujours et là je mettrai cette terre d'Algérie et ce morceau de marbre, dans la tombe de mes parents, afin que plus jamais ils ne soient loin de notre pays de notre terre, je prends des dizaines de photos, des dizaines aussi de photos du cimetière que je mettrai plus tard sur les sites, et je ne peux pas partir, je suis fatigué, il fait chaud, j'enlève la casquette que je porte, oui celle de mon papa que je porte pour tous mon voyage et je la pose sur la tombe, quelle drôle de sensation, je ressens une forte communication. Oui je me fous de ce qu'on en pense mais je sais moi que mes parents sont là, en ce moment précis juste avec moi. Nous sommes tous réunis, et rien n'a changé, j'embrasse la tombe, je fais de mon mieux pour que mes frères sachent combien on les aime et que jamais même durant les pires temps de la galère en 62 quand il fallait survivre dans cette terre qui est étrangère, la France on ne les a oublié, il faut partir car en 4 jours j'ai tant de choses à voir et revoir, mais je ne peux pas, je reviens au moins 10 fois sur mes pas, mais le temps passe, je dois y aller. Mes frères sachez que je reviendrai en décembre que je reviendrais à chaque année tant que je le pourrai et ma première visite ce sera pour vous. Ce sera du bonheur de se revoir, je m'éloigne, je regarde encore comme à Alger au cimetière de St Eugène tous ces noms qui ont fait l'Algérie et qui dorment à jamais, ah dur dur le cimetière, car si les grandes allées sont pas trop pire on ne peut en dire autant des autres, le temps tout doucement fait son oeuvre les caveaux pour certains ont été éventrés, à la recherche de l'or des morts, des ossements traînent sur le chemin, d'autres tombes sont envahies sous les ronces et les branches d'arbres, d'autres tombes sont pire elle ont disparues, on devine qu'elles sont là mais on ne les voit plus, oui mon beau cimetière dont le surnom était "envie de mourir tu me donnes" tant tu étais beau. Non mon beau, tu ne donnes plus envie de mourir à personne, tu deviendras avec le temps un champs et un jour je le sais le buldozer passera et puis et puis. Et puis je maudis encore charlot.
Sainte Thérèse
Il faut partir car le temps passe et il est 15 heures je décide d'aller revoir le coin de St Thérèse avec ses belles villas et je cherche la clinique St Thérèse c'est là que en 1958 ma soeur est né, elle seule a eu droit à la clinique. Nous, on est tous né avec la sage femme dans la vieille maison rue du docteur Mestre. La clinique est toujours là, elle a eu droit à être repeinte, blanc et les volets bleu couleur locale, les villas aux alentours sont là aussi, elles ont vieillit mais la plus part sont aussi transformées en forteresse, avec des murs hauts et parfois des barbelés, la sécurité prime sur tout, mais l'air dans la rue est le même que lorsque petit en short, je partais de Montplaisant pour aller à la messe et que je traversais tout St Thérèse, pour aller à l'église St Thérese, elle aussi, est là pas trop vieillit, mais par contre on y chante plus les Ave maria à genoux, il lui a poussé des dômes elle est devenu une mosquée, dommage on construit tant de mosquées en France, je ne savais pas qu'il en manquait à ce point là.
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Je me rappelle, dans cette église, j'y ai fais ma communion en 1959, on descendait sur le coté de l'église en rangs serrés, les garçons et les filles, j'avais mon gros cierge dans les mains, si gros que des fois certains le laissait tomber par terre dans l'église et ça faisait, bang, bang!! qui résonnait et tout le monde se retournait et pouffait de rire, et puis mon brassard au bras je me rappelle que à la dernière minute au moment de démarrer pour entrer dans l'église mon cousin s'aperçoit que je ne le porte pas au bon bras, ça dénotait dans les rangs vite, vite, il me le change de bras, et les filles elles, belles comme des coeurs avec leur grandes robes blanches on croyait voir des mariées, franchement on aimait ça montrer et faire le show off, enfin oui ça défile, bon sang comme tout est net dans ma mémoire mais je n'en suis pas surpris j'ai tout entretenu pendant 47 ans, je ne voulais surtout pas perdre mes racines eh bien non, en déplaise à charlot, tout est là intact et je suis heureux, de me jouer mon film à moi le film le plus beau et le plus long du monde, le film d'une vie, et puis je continue mon chemin, je me trouve à voir celle qui fut ma dernière école, l'école de St cloud, je prends quelques photos et là on se fait jeter par un huluberlu, qui nous invective, "tu sais pas toi l'oiseau que moi gg je t'ai rien donné de ce que tu as, c'est charlot qui m'a, trahit et vendu".
L'école Beauséjour
Et puis je veux retrouver mon école celle par où j'ai débuté, l'école Beauséjour, j'indique à K le chemin; le garage dans le virage est toujours un garage non ce n'est total mais un autre nom, bof, ça ou un autre nom, moi je veux mon école, tourne à droite K vers la route du cimetière je lui dis, on fait 100 mètres, et on tourne à droite encore, voilà elle est là, rien a changé sauf la peinture, je me rappelle on attendait dans la rue sur le trottoir en ligne que les portes s'ouvrent on était là avec nos tabliers noirs, ou gris l'été il faisait une chaleur à crever. En bas c'était l'entrée des filles et en haut celle des garçons maintenant, l'entrée du haut celle des garçons est bouchée.
La porte est toujours là je l'ai caressé car je l'avais si souvent poussé pour entrer, et elle m'a reconnu, je le sais, non, ma porte m'a pas oublié, je demande à une femme si je peux visiter et elle me reçoit avec beaucoup de gentillesse, et me fait tout visiter, je me précipite, je marche vite, partout, je voulais tout voir et toucher, tout est là, aucun coup de pinceau à été donné je retrouve mon école comme je l'ai quitté, et je me mets à parler vite vite, "voyez, là c'était, voyez, là c'était" et ils me laissent aller incapable de m'interrompre c'est moi qui faisait la visite et qui commentait, et une troupe me suivait ah comme j'étais heureux, même les toilettes ont pas changées, d'ailleurs une femme de ménage qui me voit prendre des photos me dit "vous prenez des photos des ruines romaines?" je réponds par un sourire je me fous des ruines romaine, je suis à mon école!!
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Je suis petit, j'ai 10 ans, et je cours dans la cour, je touche toutes les portes des toilettes, je les fais aller et venir je voulais être sur de toucher celle où quand j'étais petit j'y laissais mon ADN je retrouve le robinet où je m'étais lavé la figure après que j'eu sucé mon stylo et que l'encre m'avait jaillis dans la bouche, j'ouvre le robinet, il marche toujours, je rentre dans ma classe et je deviens le professeur, je leur explique tout je m'assoie à la même table où j'étais en 1959 elle a vieillit, les encriers en porcelaine ont disparus. Ces encriers dans lesquels les professeurs avec une sorte de bouteille de vin nous mettaient l'encre et dans lesquels on trempait nos porte plume, le bois des tables a subit le temps, il ressemble à du bois laissé dans la mer des années durant et que l'on repêche dans des filets par accident, et qui ressemble à une peau de vieillard. Mais pour toi ma table aussi, j'ai du respect, le respect dû à l'âge qui a le savoir de la connaissance, mais c'est ma table, je m'y assois. Aie!! J'ai dû prendre quelques kilos car j'y entre difficilement, mais je suis assis et je passe ma main sur toutes les parties de la table je la caresse comme un bébé, je veux la sentir. Elle m'a vu rêver à la chasse aux sangliers alors que monsieur Roméo le prof nous parlait de géographie, j'en reviens pas, ma tête va dans tous les sens. Même le plafond y passe, ah comme je suis content, si content que je me remets à pleurer. Pendant que mes mains courent sur le bois, et puis je sens sur mon épaule une main qui me caresse, c'est celle de mon guide qui en me serrant un peu me fait comprendre que lui aussi comprends, personne ne parle. Je vais vers le tableau il est le même et avec la craie j'inscris une date, je ne sais pourquoi celle la "15 décembre 1957", je m'assois au bureau où monsieur Roméo s'asseyait. Il était gentil ce Roméo et puis comme il racontait bien le cour d'histoire oui oui c'est lui j'en suis sûr, qui m'a donné la passion de l'histoire quand il nous parlait des hommes préhistorique je buvais ses paroles, il était petit grassouillet et une mine bon enfant, je me retourne et je vois contre le mur au fond de la classe, l'armoire dans laquelle Mr Roméo rangeait ses affaires et comme pour répondre à ma question la dame de service me dit "oui oui c'est la même que vous avait connue", alors je me précipite et je la caresse j'en fais tous le tour deux grosses portes avec chacune une vitre au milieu, que d'histoires tu dois avoir en mémoire ma belle armoire toute branlante. Tu as abrité mes devoirs et mes notes de classe.
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Je sors dans le couloir sous l'escalier, là, le directeur avait un petit bureau et nous vendait les fournitures crayons, cahiers. Et puis je me mets sous le préau comme dans le temps où tous avec nos tabliers gris nous attendions qu'on nous disent de rentrer dans la classe, ah, du bonheur à l'état pur. Je parle avec une dame bien placé à l'école je lui dis où je vis maintenant et voilà encore une qui veut quitter cette terre sans avenir pour ses enfants me dit-elle, elle est si gentille que je lui promet de l'aider dans ses démarches, elle m'invite même à manger mais je dois refuser trop de choses à faire. Et voilà mon dieu que ça va vite, il faut repartir, d'autres morceaux de moi, d'autres parties de ma vie attendent après moi, alors je lui fais la bise, et je la remercie chaleureusement, en lui disant que je reviendrai car ce fut trop rapide, ah bon dieu qu'est ce qu'il peut faire chaud, et puis je pars pour un autre gros morceau de moi-même.
La cité Monplaisant
La cité Montplaisant à St Cloud, là, où on avait notre belle villa, pour avoir été sur google earth je savais que ça avait changé mais malheur je suis à fort boyard en 3 dimensions. Dès que je tourne au coin de la ménadia qui ressemble à un souk, on monte la fontaine romaine, je pensais retrouver mes beaux cyprès. Sur la gauche, cyprès dont je prenais les glands pour mettre dans mon stack et tirer sur les moineaux, mais ils ont subit la cruauté des hommes, plus rien, des constructions anarchiques de partout, il me semble même que la route de la fontaine romaine a réduis.
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Tant il y a des constructions mais alors de tout et de n'importe quoi, alors là le choc est dur. Une vraie claque sur la figure, comme tu viens de me faire de la peine Montplaisant, où sont passées nos belles villas des agents de l'EGA. Et oui en 1955 je pense ce terrain avait été acheté par des employés qui travaillaient à Electricité et Gaz d'Algérie et comme mon papa, chacun y avait construit sa villa. Quel joli coin toutes ces belles villas avec des fleurs, des petits jardins où on plantait du cresson du persil de la salade où chacun élevait des poules, c'était la cité du bonheur, l'entrée de la cité est méconnaissable, des maisons plantées là sans architecture, des magasins où on vends de tout comme sur les marchés, la route de la fontaine romaine qui était si belle un vrai miroir, entourée de collines et de montagnes, où avec mes gros patins à roulettes en métal lourd comme pas possible, des patins à trois roues, nous descendions à toute vitesse, ben là, adieu la route goudronnée, des trous, des bosses, une horreur!!!, et puis la rue de la cité montplaisant, aie aie les villas se cachent derrière des murs de 3 mètres de haut encore une fois sécurité oblige, il n'y a plus de fleurs plus rien, tout est enfermé caché, des prisons à ciel ouvert, mais voilà je reconnais toutes les maisons celle des, Castaldi, Les Fiengo, les Sultana, les Chécutti, les Portelli, ah oui je me rappelle de tous les propriétaires de ces villas.
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Et mon vieux film qui a pas vieillit se déroule, et puis voilà je la reconnais oui, elle, Notre maison, "la villa des trois mousquetaires" ainsi nommé par mon père pour ses 3 garçons, aie, elle est devenu une prison, avec ses hauts murs qui l'entourent. Après bien des discutions et mon sourire, je finis par convaincre le mozabite qui y habite de me laisser entrer mais il me dit, juste dans le jardin à l'intérieur il veut pas. Là ce fut dur, je suis chez moi, et je ne peux entrer, charlot je te hais je ne veux rien montrer de ma déconfiture et je souris sans arrêt mais à l'intérieur j'ai envie de...surtout pas question de montrer ma déception, je refoule. Ce soir dans mon lit je te pleurerai ma belle villa, et je rentre je passe ce portillon que enfant si souvent je franchissais ah si j'avais su la suite des événements je l'aurai franchis encore plus souvent jusqu'à me saouler et tomber sur le sol, mais voilà, je ne savais pas que charlot allait nous trahir, le beau rosier sur le côté droit à disparu, du ciment. La belle porte de garage que mon cousin René avait faite, toute travaillé au ciseau à bois à disparue aussi. Du béton, tout le tour de la maison est du béton, le jardin en arrière où mon papa plantait ses légumes est réduis de moitié, il y avait 3 arbres un mandarinier un citronnier et un oranger, et comme tous ces fruits étaient bon je me rappelle le citronnier mon papa y mettait des tuteurs tant il y avait de citrons, pauvre citronnier m'as tu reconnu, je te retrouve amaigris, tu as peu de branches, tu as l'air d'avoir la lèpre je sais que tu me reconnais et que tu pleures, on t'a fait du mal je le sens bien. Personne ne s'est occupé de toi pendant toutes ces années, quelques citrons pendent, non!! On t'a aussi trahis, oui je sais personne ne s'est occupé de toi, je suis désolé de t'avoir abandonné en 62 à cause de la félonie de charlot, car oui je suis sûr tu serais toujours aussi beau, et tu me donnerais toujours de bons gros citrons, et puis le poulailler aussi a disparu, ce coin du poulailler où j'élevais des tourterelles, j'en avais tant que mon papa il leur tordait le cou pendant que j'étais à l'école et me les faisait manger en me disant que c'était des perdreaux. Car eh!! Pas questions de toucher à mes tourterelles et je devais en avoir dans les cents et plus, vous aussi mes tourterelles qu'est ce que vous êtes devenu en 62 je veux pas trop y penser. Par la porte entre ouverte je vois le bassin de ciment que mon père avait fait et dans lequel ma mère lavait le linge, aie aie, il en reste juste la moitié et encore toute brisée, comment peut-on laisser les choses se dégrader de la sorte, je me suis fais dire qu'à l'indépendance beaucoup de fellaghas ont reçus en récompense des maisons que nous avions laissé. Je prends des photos. J'en prends et j'en reprends. Je regarde cet escalier que nous avions si souvent monté, j'entends les clacs clacs clacs des savates de ma mère qui remonte le charbon pour le mirus, j'entends mon père qui dépose sa bicyclette et qui monte les marches, oui je reste un bon moment à fixer ses marches, et là oui je ne fabule pas, j'avais vu cela dans des films mais ça m'est arrivé à moi, je sens mes jambes qui veulent avancer mais je ne peux pas. On me l'interdit! et pourtant, oui, ma jambe droite s'obstine à vouloir monter la première marche, alors je lui parle en silence je lui dis "non tu ne peux pas" c'est plus chez toi ici. Ah comme j'ai eu mal, oui ni oublie ni pardon, il faut partir, je sors, je regarde la plaque où est inscrit "villa les trois mousquetaires", elle a vieillit mais elle tient bon "un pour tous tous pour un" me dit-elle, alors je la caresse. Je caresse chacune des lettres creusées dans ce morceau de marbre gris, c'est mon papa qui l'avait scellé dans le mur, il me semble recevoir à chaque fois un coup de poignard dans le coeur. Mais pour toi mon pays je veux bien mourir, la plus grande souffrance du coeur est sa solitude dans la détresse, ainsi je me sentais, et puis je vois le poteau électrique en métal là où se trouve les fils électriques il est toujours là tout rouillé, que de souvenirs, ah, mon poteau si tu pouvais parler, et là je me mets à sourire, personne ne comprends sauf moi, lui et moi, ce poteau et moi on vient de se reconnaître. Alors je m'approche de lui, je le caresse, oui en effet il a rouillé car lui aussi personne ne s'en occupe, mais je le vois heureux de me revoir, et comme à 10-12 ans cette fois ci sans que l'on me voit je passe ma main en arrière et avec mes doigts comme je le faisais en 59 60 61 et 62, je tape les 5 notes magiques, de nos opérations casseroles, ta ta ta ta ta ah !!! ça, ça m'a fait plaisir. J'ai senti le poteau rajeunir. Et puis je l'ai caressé aussi et le temps est venu de se quitter, mais toi aussi mon gentil poteau, je reviendrai te voir et merde comme le temps passe, j'ai besoin d'air, la pression était trop forte.
Les plages
Je décide de partir pour les plages, on descend la fontaine romaine tourne à droite laisse la ménadia à gauche et direction St Cloud les plages, ah ce carrefour toi aussi je te reconnais, non non je ne te reconnais pas, je te connais simplement mon histoire d'amour qui se continue, à droite la plage de gassio et à gauche celle de St cloud, pas trop de changements, le trottoir a été refait, mais les escaliers sont les même, je les descends et remonte tous, un après l'autre, voilà je suis à marcher là où ma maman a mis ses petits pieds, et le sable, je me déchausse et je foule ce sable, ah oui je le ressens comme si oui comme si rien ne nous avait séparé, je le prends dans mes doigts et je le laisse filer comme je suis heureux je ris de bonheur, je cours sur la plage, je tourne. Je danse. Les bras en l'air, je suis ivre.
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Mon guide me regarde aller et sourit aussi il voit que je suis heureux, je rentre dans l'eau, aie mon jean, et puis merde, je m'en fous, comme c'est bon, maman, papa vous êtes là tout prêt je le sais, assis, le couffin posé à côté de vous et je revois tous nos voisins avec qui si souvent on allait à St Cloud, je me revoie creusant des trous et les recouvrant de sable et attendant que quelqu'un tombe dedans, je me revois avec mes bouts de fil à pêche attrapant de petits marbrés, merde c'était le bonheur sans que ça coûte rien, je prends mes bouteilles de plastic et je les remplis d'eau de mer que je ramènerai pour moi et mes amis pieds noirs, je prends les boites que j'ai avec moi et je les remplis de sable à rapporter comme un trésor avec moi, je vais jusque à la pierre carrée, elle a disparue, emporté par une tempête me dit on, mais le décor est le même le coin a pas changé je prends des dizaines de photos, je vois mon papa avec sa lampe au carbure en train de pêcher les seiches, oui j'ai 10 ans je le sais, le reste n'est qu'un cauchemar. J'ai dix ans et c'est le temps des jours heureux je grimpe sur tous les rochers, je veux toucher tous ces rochers sur lesquels j'ai couru tant de fois et d'où j'entendais ma mère crier "allez allez, cours sur les rochers, va te casser les cornes et viens pas te plaindre, aie mais qué j'ai fais au bon dieu" ah oui maman comme ce serait bien si je t'entendais pour de vrai encore là en ce moment alors je décide de faire toute la plage de St cloud jusqu'au bout en laissant bien à chaque pas mes pieds s'enfoncer dans le sable comme un avare qui laisse aller ses mains à pleines poignets dans ses sacs d'or, mais avare ton or je n'en veux pas, car mon or à moi il est là c'est le sable de la plage de St Cloud, du bonheur à l'état pur, tiens, l'ancien bar le Paradése est devenu une clinique. Je me retrouve à Chapuis là aussi pas trop changé juste en arrière de la grosse maison qui est au bout de St Cloud on a construit une belle promenade qui rejoint St Cloud et Chapuis, un bon point, et les amoureux d'aujourd'hui y trouvent là de quoi roucouler au bord de la mer, il y a plein de pêcheurs, ah oui en décembre c'est décidé je reviens avec mes cannes à pêche, et puis de Chapuis je vois les plages de toche, la caroube, etc etc etc, comme tu es beau mon pays, je décide de manger et dans le virage de chapuis je retrouve le restaurant "le beau rivage" il a pas trop changé, mais je veux des brochettes alors je continue sur la route du cap de garde et là ouf ça m'arrive dans les narines cette odeur de BBQ de brochettes et merguez qui grillent, et va y pour une bonne bouffa en avant la galette arabe à la semoule, le cumin, l'harissa. Ah comme cela est bon, oui là je suis heureux, je suis chez moi, aux tables des algériens qui me voient manger, rien de voir comment je gesticule et parle, comment je m'agite en tout sens pour bien montrer que je suis en ce moment précis, le roi du monde!!
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Et puis et oui et puis le temps ce maudit temps roule alors demi tour, direction le lever de l'aurore, pour cela retour par la plage de St cloud, et je remonte cette belle corniche, je retrouve dans un virage les arcades creusées dans le mur où j'avais une fois avec mon papa été voir la tempête la corniche a pas changé. Et puis soudain je vois mon lieu à moi, qui s'appelle le lever de l'aurore, si vous avez pas vu un lever de soleil au petit matin au lever de l'aurore alors là vous avez rien vu.
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Dans le virage, le tunnel qui permettait d'aboutir en raccourcit à la grenouillère a été bouché devant se tient de vilaines constructions. En bas de la plage ce qui était un restaurant est devenu une salle de sport, mais alors une décrépitude, je marche vite jusque dans le virage là où, avec mon papa on a si souvent laissé nos bicyclettes pour descendre vers le bas sur les rochers pour pêcher des nuits entières les sars, dorades, et autres poissons, je voulais descendre et m'asseoir à mon poste où j'ai si souvent tenu le bambou mais mon guide me le déconseille car il se fait tard et en bas il y a des gens peu recommandables, pas besoin de pousser la chance, alors je m'accoude à la balustrade et je redemande qu'on me laisse seul, je dois parler à mes souvenirs, et je parle et je parle à tous ces rochers qui ont vu mes pantalons s'user dans des nuits d'été magnifique où seul le bruit de la mer et les étoiles berçaient mon enfance, voilà oui je pleure encore de toute façon j'ai tant pleuré, ici c'était mon coin à mon papa et à moi, ici j'ai mes plus beaux souvenirs, non ça coûtait rien, le vrai bonheur a pas de prix, il faut y goûter avec le coeur.
Regardez un chien, hein!! il vous aimera peu importe que vous soyez laid et c'est comme cela que mon pays l'Algérie m'aime, sans calcul mesquin qui défigure, je regarde les vagues déferler sur les rochers et je revois tous mes poissons, toutes mes meilleures pêches, je me revois à crier "vite vite papa il est gros je peux pas le sortir" et mon papa qui court sur les rochers, je me revois revenir le soir personne sur les routes pour retourner à la villa, on est sur nos bicyclettes et seul la dynamo qui tourne sur la roue pour nous éclairer fait du bruit. La cartalle est remplie de sars et oblades, et je sais que ma maman se lèvera, peu importe l'heure pour voir notre pêche, l'air a pas changé je referme les yeux tout est intact seul l'homme a tout gâché, mais je me retrouve comme à 10 ans quel bonheur. Je revois tonton Julien avec sa canne, là en bas ce rocher oui ce rocher que je regarde, a été usé par son derrière, car tant de fois il s'y est assis pour pêcher à la pâte les mulets, je revois les cabanons sur la plage dont un, appartenait à tonton Julien. Il en reste des vestiges, quelques poteaux de ciment qui se dressent encore là comme pour dire on ne sera pas facile à faire disparaître. Le rocher ovale qui avance dans l'eau est là aussi, celui où la nuit, mon papa me prenait sur les épaules pour traverser et d'où on pêchait, tout est là, je ne veux plus partir mais voilà encore ce maudit temps qui court, alors je m'aperçois que mes mains s'étaient crispées à cette balustrade très fortement et je ne l'avais pas ressenti, je te lâche ma balustrade, mais je reviendrai je te le promets, et puis je continue vers la caravelle, oui ce restaurant au bord des rochers au lever de l'aurore est toujours là.
Un restaurant, toujours cher et réservé à l'élite, et je revois en bas le rocher sur lequel avec Jeannot mon papa on pêchait le soir en regardant en haut, sur la terrasse de la caravelle les gens aisés manger, jamais on aurait pensé y manger, trop cher pour nous, de toute façon nos seuls restos gargotes, en ce temps là étaient ceux de la vieille ville où on mangeait le meilleur couscous, alors je prends la décision de manger là à la caravelle, et je pénètre dans la salle, pas grand-chose a changé, il y a peu de monde, je me sens tout drôle, moi à 60 ans de manger à la caravelle, le resto des gens aisé, papa ce soir, ce dîner, il est pour toi!!!, je sais que en bas tu es là, avec ta canne à pêche, mais ce soir papa on mange à la caravelle, je raconte mon histoire au maître d'hôtel algérien un homme de 65 ans et il me comprends. Je sens qu'il a de la sympathie pour moi, il a l'air d'avoir une belle instruction, il se rappelle des heures glorieuses de la caravelle, et je me régale de gros gambas et d'un loup grillé de 3 kg avec une bonne bouteille de vin de rouge de Tlemcen, et je pense, et je pense, qui aurait dis que 47 ans après je serrai là, la vie a de ces moments où tout nous surprends.
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Le centre médical des agents de l'EGA
Le dimanche matin comme je suis encore à l'hôtel Majestic je décide de retrouver la villa qui servait de centre médical aux agents de l'EGA, je descends juste en arrière vers le petit jardin, vers la préfecture, je tourne à gauche et je tombe dessus, paff en pleine face les souvenirs, je reprends des photos depuis la rue, rien a changé et je me risque à pousser la porte, un homme me voit et je lui explique, oui, ici on venait avec ma maman pour voir le docteur, et je reconnais tout. Rien a changé.
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Et il me propose de visiter car cette villa sert encore aux agents qui travaillent à la centrale, je retrouve l'arbre qui était au centre du jardin et autour duquel en attendant notre tour pour le médecin je tournais en jouant avec mon frère, je rentre dans la salle, aie aie, mais pas de doute je n'en suis jamais sorti, tout est là les chaises en métal où on s'asseyait en attendant notre tour, alors je m'assois sur une chaise et je dis, "voyez j'ai là la position que ma maman avait quand elle attendait" et je la revois les jambes serrées avec son sac à main sur les genoux, et parlant avec d'autres femmes, de temps à autre elle s'évente, il fait chaud en cette journée du mois d'août, et je respire les parfums mélangés de toutes ces femmes, de toutes ces nounous qui sentaient bon le lait qui nous rassure, elles rient, alors pour être sûr de la chaise sur laquelle ma maman s'asseyait, je décide de m'asseoir à tour de rôle sur chacune des chaises en prenant la position que prenait ma maman, cela a fait rire tous ceux qui étaient autour de moi. Rendez vous compte, sur ces chaises, ma maman s'est assise des heures, sagement à attendre son tour, et puis les deux médecins en charge très gentiment me proposent de faire la visite, merci cher compatriote algérien les guerres dans leur laideur ne pourrons jamais faire disparaître l'amour qui lie les hommes de bonne volonté, et je pénètre à gauche dans la salle et je dis "tiens!! A droite c'est bouché". "ET OUI ME DIT T'ON MAINTEANT IL FAUT faire LE TOUR POUR ACCEDER A L'AUTRE PIECE celle Où ON PASSAIT LES RADIOS", JE FAIS LE TOUR ET JE pénètre DANS CETTE PETIE SALLE, je vois de suite sur le mur, l'emplacement où était la porte. Les traces sont visibles à travers le ciment alors avec ma main j'en fais le contour, car par cette porte si souvent j'y suis passé pour prendre la radio et je dis "voyez l'appareil à radio était là" et on me dit oui c'est vrai ah ce gros appareil, rectangulaire, je me déshabillais et je me plaçais le torse nu contre cette grande vitre et le docteur faisait monter et descendre la vitre afin de mieux voir, je me rappelle ça faisait une couleur verte, aie aie va savoir si avec ces appareils on ne nous filait pas le cancer, mais à l'époque c'était des appareils modernes, bien sûr je mitraille de photos, que de souvenirs, dans le jardin, les deux grands palmiers sont toujours là, je les caresse car il ont vu mon enfance et là ils me voient à 60 ans, que c'est bon tout cela.
La maison où je suis né
Et le temps de manger arrive je veux manger sur la plage de St Cloud alors je repars pour la plage, là je m'achète un sandwich avec 12 merguez et va y l'harissa dedans, une bouteille de gazouz hamoud et avec mon ami algérien on s'installe, sur la plage assis sur le trottoir les deux pieds pendant vers le sable, en face la mer cette belle méditerranée nous regarde, oui je le sais elle aussi me dit qu'elle ne m'a pas oublié, et je mange.
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Un petit vent chaud me pousse dans le dos, le sable effleure mes pieds, le parfum de la mer de St Cloud quoi!!, ah, jamais je n'ai mangé de sandwich aussi bon, je ne voulais plus partir, St Cloud a changé aussi, tout le long s'est construit des maisons, et des HLM mais les maisons que j'ai connu sont toujours là, que de balades nous avons fait les soirs d'été, toute la smala avec les voisins on partait de la cité Montplaisant et on allait marcher sur le trottoir de St Cloud, je retrouve la maison de Mr Blondet un homme qui a si souvent chassé avec mon père les sangliers, je pénètre dans le grand jardin sauvage au milieu des palmiers, oui tout est aussi sauvage, qu'à 10 ans, la maison était vieille elle a encore vieillit, je regarde le jardin, et sans rien dire je cherche les tombes de tous nos chiens de chasse que nous y avions enterré, où êtes vous Bayard Tayo, Malard, etc, etc... Vous rappelez vous quand on courait derrière les sangliers à Sidi Djemil. C'était le temps des jours heureux. Dormez en paix mes chiens je suis là et je suis avec vous. L'après midi arrive je décide de retrouver, et oui encore un gros morceau de ma vie, la maison où je suis né, rue du docteur Mestre, en face du lycée St augustin. Cette rue descend direct vers la Colonne. Oui Bône tu es ma ville, car je reconnais tout de toi, et je descends la rue du docteur Mestre, je vois le portail il a vieillit, je le pousse je reconnais la cour rectangulaire aie aie, tous m'assaille. Oui tu es là je n'en suis jamais parti, dans cette cour sur chaque côté se trouve des petits logements de 2 pièces, le premier, à gauche, était le notre. D'ailleurs la fenêtre donne sur la rue du docteur Mestre, des gens sortent intrigués, par ma visite, je leur explique que je suis né ici, je contiens difficilement mes larmes. Je montre la porte de notre maison, voilà une femme qui sort, je lui dis "excusez mais je suis né ici dans cette maison" j'ai les boyaux qui me serrent, je veux entrer, mais ce n'est plus à moi, et si on me dit non encore une fois ce sera la catastrophe, alors miracle, des gens simples sont là devant moi, et cette brave femme me dit "mais entrez entrez, ici, c'est chez vous" et là je craque elle me dit "pleurez pas, pleurez pas, entrez" et je rentre aie aie tout est là rien a changé je reconnais tout, le carrelage, le coin cuisine, la cheminée et les gens me disent, "racontez nous comment c'était avant, nous on est entré ici en 62" alors je parle, je parle, "voyez ici c'était mon lit et cette chambre celle de mes parents" et elle me dit "vous vous rappelez de la boule de pétanque?". Je lui dis oui, eh bien regardez et elle ouvre la fenêtre et la grosse boule de pétanque en métal que mon papa y avait placée est là. Devant moi, je la prends dans mes mains et je caresse les mains de mon papa, je lui dis, "ici nous sommes né moi et mes 4 frères ici sont mort deux de mes frères". "Voyez, vous avec une cuisinière, nous on en avait pas on avait un réchaud sur lequel ma mère l'hiver chauffait le vin chaud à la cannelle qu'elle nous donnait pour nous réchauffer, vous avec un frigo nous c'était la glacière. Vous avez réussi à faire un coin salle de bain en amputant le petit coin cuisine, nous, ma maman elle mettait une lessiveuse au milieu de la pièce, elle chauffait de l'eau dans une marmite. Elle mettait du pétrole dans des boites de conserves et elle allumait, elle plaçait les boites autour de la lessiveuse ça faisait de la chaleur et elle nous lavait dedans", oui en ce temps là c'était la misère, mais on était heureux car l'amour de la famille était au rendez vous je prends des photos de tout. Du carrelage. Des murs. De la cheminée.
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Comme je suis heureux, je les embrasse ces braves gens qui ont su me recevoir comme chez moi, ils m'invitent à coucher là le soir même "oui! oui! Restez, avec nous on va vous faire un bon couscous" voilà les gens simples ce que c'est. Je dois refuser trop de choses à faire mais je promets que à ma prochaine visite à Bône j'irai les voir et je mangerai avec eux, je ressors.
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Dans la cour je vais jusqu'au fond, là, se trouve une autre petite cour où on étendait le linge et où on gardait les moutons pour l'aïd El-Kebir, je reparcours cette cour où j'ai tant joué, où, caché derrière les plantes j'attrapais des moineaux, oui cet endroit a pas changé, il est tel que je l'ai quitté. Il faut encore partir. Je les embrasse tous, même la mémé qui ne parle pas français me parle, je sais que ce sont des mots d'amour, je les serre fort fort, comme ma famille, comme si ils ont toujours été une part de moi-même, les larmes me coulent, je m'essuie avec mes mains, il en recoule autant mais quel bonheur, oui les algériens sont toujours aussi chaleureux oui j'ai reconnu mon enfance. Ma vie.
La colonne
En sortant je regarde, juste en face se trouve ce qui était le logement de Mme Michelle une grande amie à ma mère alors je lui adresse post mortem, le bonjour de ma maman car elle aussi madame Michelle elle doit être partie. Et je descends; la rue du docteur Mestre pour rejoindre la Colonne au coin de Sadi Carnot, je tourne à droite je dois retrouver la boucherie au coin, elle a disparue, je crois retrouver la maison de mon oncle et de ma tante aie aie. Tout est chamboulé je trouve la porte je regarde dans le couloir sur la droite il y avait la porte d'entrée du logement seul un mur est là il n'y a plus d'entrée, la chambre qui donnait sur la rue Sadi Carnot est devenu une épicerie, je regarde tous les légumes et ces fruits et je dis à mon ami, "il sait lui qui vend ses légumes que ici à cet endroit même se trouvait le cercueil de mon oncle Vincent mort du cancer", ah la la ça m'a fait mal, mais ainsi est la vie.
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Je regarde, je regarde, il ne reste rien de la chambre il me reste alors à repenser au temps où on allait chez tata Nanette, où on prenait le couloir et enjambait un petit mur construit pour les fois où il y avait les inondations et on pénétrait dans une pièce qui était la salle à manger à droite se trouvait une autre pièce et en face la cuisine. Que de fois je suis arrivé et ça sentait bon la daube, que la tante Nanette faisait à la perfection, je regarde ces légumes et je pense à toi tonton Vincent comme tu étais gentil, je te revois assis là où je me trouve moi, sur ce trottoir, assis sur ta chaise à regarder le monde passer, je te revois quand je venais te voir et je te disais "regarde tonton j'ai eu un bon point" et tu me donnais 5 centimes. Et quand je revenais avec une image tu me donnais 20 centimes, te rappelles tu tonton quand on descendait en ville tu tenais ma main et puis tu m'achetais une brioche toute chaude sur le cour Bertagna, moi je ne réalisais pas que tu étais si malade, je me rappelle quand tu es mort, avec mon papa on était venu de la villa et je revois tout le monde qui pleure, toutes ces images sont là devant moi autour de moi en ce moment des dizaines de gens passent mais pour moi je n'entends rien je suis en 1960 et puis mon guide me touche le bras et brise la magie du moment. Je regarde en face la boulangerie est devenu un coiffeur et un bar je tourne au coin de la rue l'entrée de la famille Lazero est là, leur menuiserie aussi, du moins le rideau de métal, pas grand choses a changé en arrière de la rue Sadi Carnot, je me rappelle de ma cousine Zammit à 18 ans, déchiquetée au coin de cette rue par une bombe, oui, à 18 ans, et dont on avait dû mettre les morceaux dans un drap, les gens autour de moi passent et repassent, qui y pensent, moi seulement moi!!!. Oui la Colonne a bien changée. Je pousse jusqu'au quatre chemins vers le fond de la Colonne en allant vers Bugeaud, le café Ben Salem à disparu. Je vais au 7 rue Sadi Carnot, je veux retrouver la maison de tata Pierrette, aie tout est détruit je prends le passage et là de ce qui était une cour je me rappelle on la surnommait la cour des miracles, il ne reste rien, que des gravas, je fais le tour du regard, et je retrace visuellement les petits appartements où seuls les pauvres habitaient, nous étions mélangés arabes et pieds noirs une seule toilette turc pour tout ce monde, pas de douche on se lavait comme on pouvait, où êtes vous tata nini, tonton François, tata Pierrette, je reconstruis dans ma tête vos misérables logements et je revois le cercueil de mon cousin Jacky mort d'une balle dans la tête à 20 ans, je revois les mariages dans la cour où se mêlaient les you you des arabes et les paso dobles des pieds noirs, la semoule de couscous qui séchait au soleil et le petit arabe avec son bâton qui faisait fuir les poules, il y avait là de toute sorte de race, des italiens, des maltais, des algériens, tout ce monde vivait en harmonie, en frères.
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Tout ce monde mélangé, mangeait ensemble; pleurait ensemble, oui nous étions tous frères et soeurs avant que ..., je me revois, arrivant avec ma bicyclette depuis la cité montplaisant je passais devant le cimetière et je tournais vers les 4 chemins je traversais tout le quartier arabe, j'avais 10 ans et je me rendais chez tata Pierrette, et elles faisait les meilleurs raviolis du monde. Elle m'achetait un gâteau à chaque fois et pourtant ça roulait pas sur l'or, je dirais même que ils étaient pauvres, quand j'avais 6 ans parfois je dormais là bas l'après midi et tata Pierrette me disait "si tu dors tata elle t'achète des ya ya" les ya ya c'était des cacahuètes et je me rappelle le marchand passait en criant "cacahuètes, cacahuètes guermeche". Non je n'ai rien oublié. Le lycée Vacarro est toujours là, et la belle église de la colonne est devenu une mosquée, oui ça a changé mais dans ce temps des jours heureux, tout ce monde vivait en harmonie. Il passe le temps il n'épargne ni les gens ni les choses, et puis je pars pour le cap de Garde.
Fin de journée, le cap de Garde et repas
Retour vers St Cloud, Chapuis, tôche, la route du cap a changé, aussi sur le côté gauche où se trouvait juste des collines et des montagnes, tout est construit, une route à deux voies a prit la place de l'originale, mais elle se tord en zig zag comme avant. Oui je la reconnais. C'était la route officielle à faire quand on se mariait, et les voitures se suivaient en klaxonnant ta ta ta ta ta, ah oui dans ma tête je suis au mariage. Je n'ai jamais touché à la drogue mais je peux dire que en ces jours je suis drogué de bonheur. Je fais un petit stop au vivier, là où on gardait les poissons pour les revendre au marché, il est toujours là que ce coin est beau! Encore je mitraille de photos (j'espère pouvoir avec de l'aide les publier) que la mer est belle, sa pullule encore de sars et de sparls, aie ma canne à pêche me manque mais ce sera pour la prochaine fois, et voilà le cap de garde, quelle vue magnifique, sur la méditerranée je regarde au loin et je me dis que là bas en face se trouve le pays qui a fait ma ruine, oui c'est à cela que je pense. Et oui c'est ce que je me dis. Alors je reviens vite. Vite je remets mon regard sur le cap de garde.
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Là je suis chez moi, la nuit commence à tomber et je regarde cette grosse lumière du phare qui tourne et tourne et tourne, que c'est beau, je ne veux plus partir, et voilà gégé il faut continuer.
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Ce soir je mange aux lauriers rose ce quartier a toujours été réputé pour ses restaurants à pas cher, où la cuisine algérienne reigne en maître et je me régale encore de toutes ces odeurs de cuisine orientale, je me mange deux bricks aux oeufs bourrés d'harissa, et des brochettes d'agneau avec et oui cette bonne galette à la semoule cuite sur la pierre, c'est de la gastronomie de pauvre. Mais c'est bon à mourir. Ce soir je me couche et ne peut dormir, j'ai assimilé tant de choses, que je suis ivre. Je ferme les yeux mais c'est pire. Trop, trop, de bonheur comment ai-je pu attendre si longtemps avant de revenir chez moi. Le lundi matin à 7 heures je regarde par la fenêtre de l'hôtel El Mouna et je vois les pêcheurs mettre les filets ah les vilains mettre des filets si près du bord je me rappelle combien avec mon papa on jurait quand on voyait cela "diocanne à la madone comment tu veux que le poisson y rentre avec les filets à terre" et oui mais quel spectacle magnifique, ça a pas changé, question décor sauf les acteurs je descends vers la plage, je regarde la mer, le ciel est un peu couvert mais il fait chaud et j'écoute les vagues qui viennent mourir sur le sable. Pchitttt pchittt pchittt en roulements réglés comme une partition bien orchestrée oui je le sais dans ce moment là c'est comme si je ne t'avais jamais quitté mon amour et puis je décide d'aller faire le cour, ce fameux cour Bertagna.
Le cour Bertagna
Je passe devant la grande poste, je longe la prison et le palais de justice, mais un crime a été commit, notre belle cathédrale a été détruite en 1972, à sa place un horrible amalgame de marchés et de boutiques, alors comme cette nouvelle je la connaissais, je sors de ma poche une photo de la cathédrale, et je montre à mon ami "voilà comment c'était, c'était beau hein!! C'était beau" je le sens mal à l'aise, bien sûr il n'y est pour rien, si certains veulent à tout prix effacer ce qui fut. Mais moi ma cathédrale je sais qu'elle est encore là, je vois les marches que j'ai si souvent monté et où dans les mariages on jetait des poignées de dragées, et nous les enfants on couraient pour les ramasser et on se bourrait les poches, j'entends ses cloches sonner une chance elles ont été sauvées et ramenées en France où grâce à l'initiative de l'abbé d'Agon qui s'est chargé de faire édifier l'église du sacré coeur à Antibes elles continuent de carillonner, et puis je te vois maman en plein juillet il fait si chaud, on traverse au passage clouté de la cathédrale pour rejoindre le cour, ah le cour Bertagna, si tu pouvais parler, tu es pour nous les Bônois nos champs élysée, notre 5ième avenue, la plus belle promenade du monde y en a eu des talons à aiguilles qui se sont usés sur ton ciment y en a eu des demoiselles qui se disaient "y m'regarde ou y m'regarde pas!, allez va va va, laisse le tomber ce couillon, cuilla tu oi pas il est tchigatte" le cour a pas changé, je reconnais même le gros arbre qui le débute, ah lui il a bien profité il est encore plus gros, combien de fois à son ombre avec mon papa on a regardé le défilé du 14 juillet, et tous les kiosques qui vendent les glaces et les créponnets, les chaises, tout est là, la belle allée d'arbres qui nous abritait du chaud soleil pendant l'été, oui tout est là, et puis voilà que je vois là contre un des kiosques un grand panneau de bois sur lequel sont collé des photos de classes des années 47 à 67 des photos en noir et blanc d'écoles de garçons et de filles, école de Beauséjour, le college d'Alzon de St Augustin, et des noms et des "je recherche" je me suis promis à mon prochain passage de coller mes photos d'école, des fois que!! Je regarde le balcon de la mairie, oui elle est belle notre mairie ce balcon où en ce 13 mai 1958 charlot on nous à dit "je nous ai compris et je vous l'ai bien ..."
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Ah charlot ah charlot. Si tu savais à quoi je pense en pensant à toi. Et puis le théâtre aussi est toujours là il a pas changé, beau propre bien que je n'y suis pas entré et je pars pour la vieille ville je dois retrouver la rue Trizel, où habitait ma tante, aie la vieille ville vieillit mal, on a commencé à tout casser et oui les promoteurs sont tous les même sur la planète, ils ont à la place du coeur un billet de banque, mais je retrouve la place d'armes là où on a si souvent mangé le couscous, il y a toujours autant de gargotes où on se régale de la cuisine algérienne, la place du marché est là, avec ses vendeurs de légumes et de fruits, la mosquée aussi est là, je retrouve la rue Trizel le numéro 1 aie tu as vieillit ma belle porte de bois personne n'a prit soin de toi, si tata Adrienne te voit!!, si le cour Bertagna est disont sécuritaire il n'en est Pas de même de la vieille ville où faut mieux être prudent.
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Et puis je pars pour la rue Bugeaud, je veux voir le marché couvert. Il a changé et vieillit, 1938 est une date en haut inscrite sur l'entrée, aie, je rentre à l'intérieur, pour la section des fruits et légumes c'est très beau, je retrouve ce que j'ai connu. Même que tous est bien plus beau et frais que ce que nous mangeons maintenant où tout est remplit de pesticides, bien sur les légumes et les fruits n'ont pas la belle forme régulière que nous avons sur nos marchés de l'an 2009, où tous nos fruits et légumes sont bourrés de pesticide, ici, à Bône, pour la fraîcheur et le goût alors là imbattable vous mangez une courgette ça goute la courgette. Bref je retrouve les légumes de ma jeunesse. Pour le poisson aie aie je me rappelle que avec mon papa on allait au marché, et que du poisson ça regorgeait, là, déception, peu de poissons, fraîcheur douteuse, la belle fontaine qui se trouvait à l'entrée a été détruite, non mon beau marché je ne te reconnais pas, sinon les murs, je retrouve aux quatre coins de l'entrée du marché ce qui était d'un côté le bar l'étoile, en face le bar canari, et de l'autre côté le bar st georges. Il ne reste rien, ce sont maintenant des magasins. Je pousse jusqu'au marché au blé toujours pareil une vrai cacophonie de magasins et de vendeurs de toute sorte. Tapis. Etc etc, comme avant tout est là. Je me promène sous les arcades si souvent arpentées avec ma maman où elle m'achetait des loupines. Les arcades sont toujours pleines de magasins, que c'est bon d'être chez soit. Je pars pour la grenouillère, le port est là, agrandit mais je le reconnais. Je me rappelle de Redzin avec ses brochettes et ses merguez, du temps où avec mon papa et ma maman on prenait le tunnel au lever de l'aurore et on sortait direct à la grenouillère et là, dans les chaudes soirées de nos beaux étés, mon papa nous achetait de grands cornets de frites que Redzin faisait devant nous dans de grands bassins d'huile. Qui a pas à Bône mangé chez Redzin est pas un vrai Bônois. Redzin fait partie de notre patrimoine.
Je suis allé aussi faire un tour à Duzerville (maintenant El Hadjar) et à Mondovi (maintenant Drean). Ah!! Mondovi ce village mythique du début de la grande aventure, il n'a pas changé du moins dans son centre, autour oui, ont poussé des dizaines d'immeubles et maisons encore une fois dans un total cafouillage, aucune urbanisation réelle, je voulais aller à Mondovi car pour moi il fait partie de mon enfance. C'est là que chaque dimanche, tous les chasseurs et mon papa Jeannot inclus qui allaient à la chasse aux sangliers se retrouvaient vers les 4 heures du matin avant de partir pour Sidi Djemil. Et oui c'était le point de ralliement, et là je retrouve le bar où les chasseurs se réunissaient il est devenu un bureau du gouvernement et plus loin par contre le boulanger est toujours là.
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Juste sa porte qui était en bois est maintenant remplacée par deux rideaux de fer, mais les gros arbres sont là, ces arbres, où nanti de ma carabine à plomb, oui nanti de la carabine à plomb je tournais autour en me prenant pour David Crocket, ah Mondovi, tu as été la route de l'aventure pour bien des pieds noirs, mais pour moi tu as été la route de Sidi Djemil celle qui me menait aux montagnes dans lesquelles mon papa Jeannot, le roi des chasseurs a tué tant de sangliers. Et je retrouve en parlant un algérien âgé qui se rappelle de nous, oui il me dit "oh oui je me rappelle des chasseurs qui chaque dimanche s'arrêtaient pour le café" il faisait encore nuit, tout Mondovi dormait. Mais nous les chasseurs bardés de nos cartouchières, nous étions là, oui Mondovi centre a pas changé, voilà la nuit tombe il faut rentrer, une nuit encore la tête dans les étoiles je n'ai jamais emmagasiné autant d'infos en si peu de temps.
Et puis le matin, le matin se lève, je me dépêche de courir sur la plage, la mer est calme, il me semble que je ne suis jamais parti d'ici, je prends encore des bouteilles que je remplis d'eau de mer, je remplis des boites de ce sable, et je marche, je marche, là encore ce matin je veux laisser ma trace, et je prends un bout de roseau et comme je l'ai fais à Sidi Ferruch j'inscris en sable d'or les noms de mes parents je sais que des vagues viendront les effacer, mais pour le moment je contemple, voilà papa et maman, vous qui avez foulé si souvent cette plage, vous y êtes. Va y maman crie moi après, dis moi de mettre le chapeau que le soleil y tape, dis moi de ne pas rentrer dans l'eau, dis moi maman, dis moi, maman, comme quand j'avais 10 ans, et puis le temps de retourner sur Alger arrive je pars pour l'aéroport, tout au long du chemin je respire à plein poumons cet air qui est le mien je veux être sûr d'en prendre jusqu'à mon prochain retour, car je le sais maintenant je reviendrai. Je reviendrai aussi longtemps que je le pourrai car cette terre est la mienne, je monte dans l'avion, je regarde par le hublot la terre qui s'éloigne, le port, c'est drôle je ne pleure pas, car je sais que je vais revenir. Bône ma coquette à bientôt.
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épilogue
Vous me direz et alors Bône ça vaut le coup d'y retourner?
Si vous voulez revoir ce que vous avez connu restez avec vos souvenirs. Car Bône a changé en partie, et souvent pas pour le mieux. Je ne vous ai pas vendu un guide touristique où on vous dit que le soleil sera au rendez vous, et quand vous vous pointez il pleut. Non je vous ai parlé de notre pays tel que je l'ai retrouvé et croyez moi même ainsi, il reste le plus beau. L'accueil des algériens est sincère et on le sent remplit de regrets pour ce qui s'est passé à notre égard, ils sont généreux de leur temps et de leur aide. Dès qu'ils voient que nous sommes des enfants de Bône ils se mettent en 4 pour nous aider, si nous sommes regretté? Oui nous le sommes, mais les choses devaient changer malheureusement on a laissé cela à charlot et il nous à tous fourré.
Mais si comme moi ce pays vous colle à la peau, si, comme moi vous n'avez rien oublié, alors oui allez y car l'Algérie c'est un beau pays, tout a changé, tout est bouleversé, mais dès que vous y aurez posé les pieds vous serez chez vous, les algériens sont très accueillant, ils aiment parler de (avant) et vous diront souvent "bienvenue chez vous", ne vous occupez du reste. Le reste, ce sont les hommes et la politique "nous nous sommes des algériens. Seul nous intéresse la terre. Et la terre personne ne peut nous la prendre, comme le chante si bien le chanteur algérien Baaziz, Algérie mon amour."
Algérie pour toujours.
Gérard