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L'espace des villes

Bône - Annaba

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Gérard

Les jours heureux

Un après midi au cinéma à la cité Montplaisant

(Gérard Rodriguez)

"Oh louise,où tu vas?"
En ce temps là nous avions à la cité Montplaisant, tous les dimanches après midi, Monsieur Castaldi qui nous passait un film. Oh enttention hein!!!! pas des films couillons. Non non des vrais films de Vollywoood!! comme on disait avec l’accent.

Pour y aller, il fallait monter juste derrière la Ménadia, un morceau de la route de la fontaine romaine qui avait à cette époque de jolis cyprès qui la bordait. Et là tout de suite à environ 100 mètres après la Ménadia, il y avait l’entrée de la cité Montplaisant et à droite, la première villa, la villa des Castaldi, qui lui Monsieur Castaldi, adorait le cinéma et avait eu cette belle idée. Vu que dans les cinémas de la ville de Bône il y avait des attentats (et oui de courageux fellaghas venaient jeter des grenades sur les femmes et enfants qui venaient au cinéma), alors oui Monsieur Castaldi avait décidé de passer des films dans son garage tous les dimanche après midi pour les habitants de la cité et de la Ménadia.

La cité Montplaisant
La route de la fontaine romaine
La route de la fontaine romaine juste à l'entrée de la cité Montplaisant

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"Oh Louise tu m’a pas répondu!"
"Et ouiai je te l’ai dis je vais avec les enfants chez Castaldi voir le cinéma!! Ouillleee ya un bon film avec Romy schneider. Sisi."
"Ah encore un film à la con!"
"Ah heine moi j’te dis rien quand tu vas à Sidi Djemil à la chasse, alors coumence pas. Aller! Aller! les enfants en avant va! que si le film y coumence après on comprends rien!"

Voilà, ma mémoire est en route et ne s’arrêtera que quand la bobine fera clac clac clac!!
Et Louise avec sa marmaille, moi, mon frère Dominique, et mon frère Hubert, tourne la clé dans la porte de notre belle villa des 3 Mousquetaires et descendons l’escalier et j’entends encore les clac clac clac des savates de ma mère sur les marches. Parce que enttention!! comme on allait juste au coin de la rue, tous le monde il allait habillé comme des dichpirates comme on disait. Y en à qui avait encore le tablier taché avec la sauce tomate de la daube que y venait de manger. Ah!! Dehors, un beau soleil nous éclairait, jaune orange comme une orange tomson, une douce chaleur poussé par le vent du sirocco nous enveloppait. Que des fois, à peine dehors on disait à ma mère:

"Pourquoi on va pas plutôt à la plage?" et elle nous répondait, "Ah coumençez pas. Toute le matin vous m’avez fait jbattre pour aller au cinéma et mainnant vous voulez aller à la plage. Aller!! Aller!! Avancez ou ma parole j’vous donne une tannée". Ah ah maman! maman! pourquoi es tu si présente dans ma mémoire, douceurs et tourments des souvenirs.

La cité Montplaisant
La villa des Castaldi

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Nous sortons sur la rue, remontons vers l’entrée de la cité et déjà on voyait une petite foule qui attendait en ligne que Madame Castaldi elle ouvre la porte. Nous passions dans une petite cour rectangulaire, et là, juste à côté la porte du garage, se trouvait Genevieve (la fille Castaldi) qui du haut de ses 9 ans tenait la caisse. Elle avait dans les mains un petit panier en osier dans lequel nous devions déposer le prix d’entrèe, 20 centimes les enfants et 50 centimes les adultes. Mais attention il y avait aussi Madame Castaldi, qui surveillait. Car parfois des resquilleurs au lieu de mettre des sous, mettaient des boutons de couture, ok ça faisait ding ding dans le panier, mais makach ouallou, à part les coudre sur un pantalon ça servait pas de flouss. Et oui je me rappelle de cela, je me rapppelle même des noms de ceux du QUARTIER comme on disait qui essayaient de resquiller. Mais bon comme ils risquent de me lire, aller va! Va! va! je me la ferme. Et je dis rien. Je me rappelle que ma mère en rentrant, elle disait à mon père, "tu sais pas oh jeannot. La famille ........ y mettent des boutons dans le panier, ma parole y ont pas de figure!!". Et mon père y disait, "oh louise fais comme si tu vois pas, que ça nous attire pas les histoires hein!!!"

"Non. Moi je dis rien. Je parle pas. juste avec madame ....... Et madame ...... et madame ....... on a tout vu mais comme on dit, ils sont du QUARTIER, alors on peut pas parler hein!!! Non non on parle juste entre nous austres!!" Bref!! Finalement tout le quartier il savait que cette famille là elle avait la figure de mettre des boutons pour payer.

Et puis nous entrions dans le garage, il y avait des chaises peintes en vert, des chaise pliantes avec des petits barreaux, bien rangées en ligne. les unes derrière les autres. Sur le mur de gauche en entrant il y avait un écran assez grand, et au fond, mais au milieu Monsieur Castasldi avait échafaudé une espèce d’estrade ou trônait le projecteur. Plus tard il avait fais une espèce de cabine fermée, car les gens se plaignaient que la bobine ça faisait du bruit. Nous, les enfants on se mettait tous devant. Des fois on s’asseyaient par terre juste devant l’écran. Et alors ma mère elle disait, "Oh les enfants comme ça, vous aller vous crever la vue. Et moi après je paye l’oculiste. Aller! aller! asseyez vous plus loin".

La porte se refermait. et monsieur Castaldi y disait:
"Enttention les enfants vous faites pas rentre et sort, que sa fait de la lumière sur le film hein!!!"

Parfois surtout par les grosses chaleurs, on crevait de chaud, alors Monsieur Castaldi, il mettait un ventilateur. Mais ça faisait encore plus de bruit. "Bon les enfants, vous vous taisez que le film y coumence". C’est vrai, que là j’ai vu de grands films. je me rappelle de Sissi, mais aussi de Si versailles m’était compté, de Quelle était verte ma vallée. Ah ce film il m’avait marqué. De Capitaine Fracasse et de L’éternel retour avec Jean Marais et Madeleine Sologne et Fan Fan la tulipe avec Gerard Philippe. Des fois, nous les enfants on aimait pas le film alors on jouait et on parlait juste assis devant l’écran. Et là les adultes y criaient "Oh les enfants taisez vous ou ya des coups de savates qui vont venir", "Baissez la tête que on voit pas bien", "Aller les enfants ma parole on vous jette dehors". "Et qui c'est qui parle eh!! toujours lui, le fils ...... ma parole il a la langue comme sa mère!! hein!!", "Bon, aller va, Madame Rodriguez on dit plus rien que le film on va plus rien comprendre".

Et puis tout à coup. un grand "hoooooooooo NOnnnnn!!" c’est la bobine qui vient de casser, et là on entendait le chlac chlac chlac chlac de la pellicule qui frappait sur le projecteur, et tous les yeux y se tournaient vers Monsieur Castaldi, le pauvre le grand coupable. "Aller va!!! ouvrez un peu la porte que la chaleur elle m’étouffe que on respire un peu pendant que il répare", "Ouiolle monnn ça fait du bien de l'air", "Ah ça yé! ça yé! ça yé!! allez va fermez la porte le film il est réparé!!".

Et puis le film se terminait et tous, nous sortions dans La rue. Certains tournaient à droite pour rentrer à leurs villas, d’autres partaient sur la gauche pour rentrer à la Ménadia. Voilà!! nous venions de passer un bel après midi. Chacun repartait, car arrivait l’heure de l’anisette et de la kémia. La famille Castaldi se retrouvait seule pour tout ranger, plier les chaises, nettoyer les épluchures de cacahuettes. Bref avec le temps qui à passé, je me dis, personne à jamais eu l’idée de dire, "attendez Monsieur Castaldi je vais vous donner un coup de main pour ranger". Alors Monsieur Castaldi, avec des années de retards moi gégé je vous dis merci pour ces grands bonheurs que vous nous donniez avec votre cinéma. Voyez même après 50 ans on se rappelle de votre séance du dimanche, où nous tous, de la cité Montplaisant et de la Ménadia, on venait voir le film chez CATALDI comme on disait. Votre dévouement, n’a pas été inutile. Et oui un jour alors que l’orage à commençé à gronder encore plus fort, avec en fond sonore nos grandes opérations casseroles, un jour, que nous sentions que le moment devenait grave, que nous allions peut être partir de notre beau Pays l’Algérie, Monsieur Castasldi avait eu cette phrase: "J’arrête le cinéma!! il n’y aura plus de films jusqu‘à ce que l’ALGÉRIE SOIT FRANÇAISE et que nous gagnions!". L’histoire a voulu que plus jamais nous n’allions chez Castaldi. Mais l’histoire se rappelle qu’il y a 50 ans à la cité Montplaisant, tous les dimanches, on allait au cinéma Chez Castaldi!! Époque glorieuse du temps où nous autres pieds noirs, bons enfants vivions comme si le temps ne devait jamais changer, quand on est heureux on ne peut voir qu’autour gronde l’orage et que cet orage allait nous emporter. Mais pour le moment là,ctout de suite, en 1960 nous sommes au cinéma et c’est Le Temps Des Jours Heureux.

ÉPILOGUE!!
Notre Cher Monsieur Castaldi hélas, une fois rentré en France n’a pas vécu longtemps. Je crois qu’il est mort en 1968, beaucoup de chagrin, un peu de maladie, par contre, il y à deux ans, en 2008 je suis allé en France. Madame Castaldi habite maintenant à L.... et je suis allé frapper à sa porte. Dés qu’elle a ouvert je lui ai dis "Alors Madame Castadi le cinéma y commence à quelle heure!!!" Son visage s’est illuminé, elle m’a bien regardé et comme j’étais avec un ami commun, elle a finit par me dire "Pas possible!!! ah ben ça alors!!!" et je suis entré, nous nous sommes assis, les rideaux étaient tirés et nous avons pour un moment rejoué le film de la cité Montplaisant. Monsieur Castaldi était derrière son projecteur, la bobine a refait son clac clac clac et Sissi est apparue. Non, elle n’avait pas vieillit. Car les souvenirs ont cela de magique, qu’ils ne prennent pas une ride avec le temps. Ah oui on y était. J’avais à nouveau dix ans, et je me recevais un coup de savate derrière la tête de Marie Louise ma maman pour avoir parlé pendant le film. "tu peux pas t’l’a fermer quand le monde y l'écoute. hein!!!" Ah!! oui le film n’a pas viellit.

Il s’appelle!!!! LE TEMPS DES JOURS HEUREUX.

Ce soir j’ai fait aller ma mémoire pour Anny et pour Arlette.

Gérard

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